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Une sonnerie, une deuxième et un réveil qui valse en travers de la pièce. Une masse informe qui remue sous la couette. Tout les jours elle ne cessait de se répéter d'enclencher l'alarme de son portable beaucoup plus agréable à l'oreille et de jeter ce foutu braillard, et tout les jours elle oubliait. Elle lâcha un léger grognement de mécontentement avant de faire un geste surhumain en cette heure si matinale, ouvrir les yeux. 6H45, il était temps pour elle qu'elle se lève si elle voulait être à l'université. Aujourd'hui "elle n'avait pas cours", mais un dossier à rendre à la première heure en astrologie qui ne pouvait se voir être remis en retard. Et honnêtement, se lever uniquement pour ça ne l'enchantait guère à vrai dire. Elle savait pertinemment qu'il fallait qu'elle quitte son lit douillet, sinon elle ne manquerait pas de se rendormir dans les quelques secondes qui suivent. Elle poussa à regret sa couette et il passa encore quelques minutes avant qu'elle ne daigne mettre un pied à terre. Comme tout les matins à la même heure, dans le même ordre habituel se sera le petit déjeuner puis direction la salle de bain. Après une bonne demi-heure à se préparer, oui elle marchait un peu au ralenti le matin, Miki enfila rapidement ses chaussures, attrapa son dossier au vol et sortit de son petit appartement. Lorsqu'elle parvint dans la rue elle fut légèrement éblouie par la lumière du Soleil et put constater qu'il allait faire bien plus que beau aujourd'hui, ce qui était loin de lui déplaire bien qu'elle préférait tout de même éviter les chaleurs trop étouffantes. Elle sortit rapidement une cigarette de son paquet qu'elle porta à ses lèvres avant de l'allumer. Très importante la clope du matin. Tout comme pourrait l'être le café pour d'autres. Chacun ses petites manies et habitudes n'est-ce pas. Elle se dirigea d'un pas lent vers l'université. Destination à laquelle elle parvint à peine quelques minutes plus tard. L'avantage d'habiter tout près. Elle gravit les marches deux par deux avant de se diriger vers la salle des professeurs. Elle n'avait vraiment aucune envie de se pointer en salle de cours. Elle scruta un à un les noms inscrits sur les casiers avant de s'arrêter sur celui qu'elle cherchait. Elle fourra rapidement son dossier dans la petite boite et sortit tout aussi vite de la pièce qu'elle n'y était rentrée. Elle n'avait pas cours aujourd'hui, enfin si mais elle avait déclarée cette journée comme récupération de la soirée d'hier soir, donc elle n'irait pas. Miki dévala les escaliers avant de sortir du bâtiment comme une voleuse. Elle s'étira sur le pas de la porte sans aucune gêne tout en baillant. Elle était fatiguée, et ne se priait pas non plus pour le montrer, bien qu'il n'y est pas grand monde pour la voir à vrai dire. La jeune femme fourra ses mains dans les poches de son jean avant de rester quelques minutes sur place, se demandant que faire. Que pouvait-on faire à environ huit heures du matin un jour où tout le monde est en cours... Elle haussa les épaules et commença à marcher dans les rues sans véritable but, juste pour marcher et s'occuper un minimum. Elle passa rapidement chez le bureau de tabac pour se racheter un paquet de cigarette car celui qu'elle possédait commencer légèrement à se vider à une vitesse vertigineuse, puis se dirigea vers le parc Ueno, dont elle se rappela qu'il se trouvait juste à côté. Il était vaste, et le parcourir dans toute sa longueur lui prendrait un moment. Tant mieux, elle n'avait pas vraiment autre chose à faire de sa journée de toute façon. Elle possédait plus une vie nocturne et il était encore beaucoup trop tôt pour pouvoir la mettre en action. Miki avait une sale manie c'était de dévisager les gens qui passaient à côté d'elle. En temps normal, elle s'en fichait royalement, occupée à autres choses, mais là elle n'avait que ça à faire et cela l'amusait en quelque sorte. Quoique amuser serait peut être un bien grand mot. Ça la distrayait un minimum peut être. C'est donc pendant un bon quart d'heure qu'elle ne fit que ça, grillant une nouvelle clope au passage, jusqu'à ce qu'elle s'arrête devant une silhouette qui lui paraissait étrangement familière, cachée derrière de grandes lunettes de Soleil noires habillée d'une jolie robe à fleurs. Elle claqua sa langue contre son palais avant de se décider à lui emboiter le pas, gardant tout de même une distance assez raisonnable histoire de bien confirmer que c'était bien la personne à laquelle elle pensait. Aucun doute, une chevelure pareille, on en trouve pas dans tout les coins de rues, et elle avait beau se cacher derrières des lunettes, personne n'échappait au regard observateur de Miki. Décidément, elle avait décidé de marcher vachement loin, puisqu'elle du la suivre pendant environ dix minutes jusqu'à ce qu'elle s'assoit sur un banc. La jeune femme regarda vaguement autour d'elle, ok il n'y en avait pas d'autres de libre, elle était pardonnée pour l'avoir fait marcher autant. S'approchant d'elle à pas de loup, elle ne put que constater qu'elle avait l'air complètement ailleurs car sa glace était dans sa main et elle n'y touchait pas. Quel gâchis, elle allait fondre à ce rythme. Elle releva les yeux vers elle, puis vers le blanc. Miki de son côté, était également fatiguée mais son instinct de joueuse avait eu le don de la réveiller. Elle arriva donc à sa hauteur derrière elle, et posant sa main sur le rebord du banc, fit un bond pour sauter par dessus afin de s'asseoir à côté d'elle dans une pose des plus nonchalantes. Elle lui lança un regard presque provocateur avant de la gratifier d'un magnifique sourire. Il était évident qu'après ça, Sayuri serait certain qu'elle avait été reconnu.

« Tu permets, les autres bancs sont occupés et l'herbe est humide. »

Pour l'herbe, elle n'en avait aucune idée à vrai dire, et elle s'en foutait royalement d'ailleurs, mais bon, toutes les excuses sont bonnes pour s'occuper en cette matinée qui jusque là, avait tout ce qu'il y avait de plus ennuyant. Espérons que la blonde est au moins la délicatesse de lui égayer un minimum.

Un devant l’autre et une soudaine appréhension ; quelqu’un la suivait. Sayuri Hanazaki pressa un peu le pas ; elle avait vus bien assez de films pour se faire des idées morbides, et c’était bien ça le problème. A travers ses lunettes teintées de noir on pouvait observer ses yeux se balader de droite à gauche dans l’espoir de trouver un groupe de touristes qui seraient prêts à lui venir en aide si un dégénéré avait l’idée de l’enlever. Comment disait-on déjà en français ? « à l’aide ? », ou peut-être étais-ce plus sûre d’utiliser l’anglais ? Enfin si ses peurs s’avéraient être bien réelles, car Sayuri avait toujours tendance à en vouloir en faire trop ou à partir dans des divagations improbables. Et finalement, quand elles y repensaient quelques jours plus tard, la demoiselle se lamentait souvent d’avoir pu imaginer des scénarios impossibles.

Quoi qu’il en soit, à cet instant, la possibilité d’être suivit était tout à fait plausible. Et même si Sayuri tenta de se rassurer mentalement, une certaine incertitude persistait en elle. Se faire enlever en plein jour dans un parc visiter par beaucoup de touristes était pourtant… une idée ridicule, mais pour Sayuri, plus rien n’était impossible à Tokyo.
Chaque jour dans la presse, elle lisait les nouvelles vagues de suicides des tokyoïtes et des nouvelles attaques d’un étudiant devenu fou aussi simplement que s’il avait été question de la météo du jour. Et peut-être même que d’ici peu, elle se retrouverait dans la rubrique des faits divers ou des personnes disparues. Combien de personnes seraient alors prêtes à partir à sa recherche ? Il ne valait mieux pas y réfléchir, c’était le genre de question qui pouvait détruire votre journée et vous envoyez broyer du noir. Alors, il valait mieux essayer de penser à autre chose, déjà qu’aujourd’hui ne s’annonçait pas être une journée des plus merveilleuses puisqu’elle en était réduite à se promener seule dans un parc où l’on pouvait surtout apercevoir en temps normal des couples ou des bandes d’amis. Mais Sayuri Hanazaki était seule. Et peut-être même qu’elle regrettait avoir été d’humeur maussade pendant ses heures de cours…

Que ferait-elle le reste de sa journée ? Lézarder dans ce parc était divertissement une heure ou deux, mais elle n’allait quand même pas passer des heures à rien faire. Sayuri ne travaillait pas aujourd’hui. Cela faisait environs à peine deux semaines qu’elle avait trouvé un emploie dans un magasin branché dans la tour de Shibuya, la demoiselle n’avait pas d’expérience et elle se doutait bien qu’elle avait été embauché pour son apparence soignée. Mais c’était un travail amusant et elle se plaisait à conseiller des jeunes filles ou à admirer les derniers arrivages de vêtements. A bien y réfléchir, ce n’était pas vraiment un travail en faite ; mais plutôt un divertissement. En effet, Sayuri Hanazaki n’avait pas besoin d’argent car ses parents couvraient la plus grande partie de ses dépenses.

Par conséquent son emploi du temps pour la journée s’annonçait aussi palpitants qu’une de ces réunions de famille auxquelles elle avait été obligée de participer tout au long de sa vie.

Finalement au bout d’une dizaine de minute de marche, Sayuri se rendit compte qu’elle avait complètement oublié cette histoire de pistage, et se décida à s’asseoir sur le seul banc libre à sa disposition. La demoiselle tenait toujours sa glace dans la main mais n’y prêtait plus vraiment attention, ses pensées s’était dirigée vers une autre préoccupation ; elle était persuadée que quelqu’un avait marcher derrière elle durant une bonne partie de son trajet, mais à présent qu’elle s’était assise sur ce banc, Sayuri se rendit qu’à part les personnes qui occupaient les autres bancs avant même qu’elle ne soit arrivée ici ne semblait se préoccupée de sa présence.

Un soupire de soulagée bizarrement mêlé d’agacement, elle s’était encore laisser divaguer dans des scénarios improbables alors que personne ne semblait avoir arrêter son regard sur elle plus d’une seconde. Dans d’autres circonstances cela l’aurait d’ailleurs un peu dérangée, elle qui était habituée à avoir les regards tournés vers elle mais aujourd’hui, cela lui importait peu. C’était même mieux, cachée sous ses grosses lunettes noires, les cheveux maladroitement coiffés. Elle n’avait pas vraiment envie qu’on la reconnaisse même si la jeune fille dégageait toujours une certaine beauté accentuée – de manière surprenante – par son naturel.

Ses yeux fixèrent sa glace qui allait sans doute commencer à fondre si elle ne la mangeait pas maintenant, pourtant elle ne fit rien. Et se contenta d’observer tour à tour les gens assis un peu plus loin.

Son cœur rata un battement et ses yeux s’élargirent sous la surprise. Quelqu’un s’installa par derrière à côté d’elle en sautant directement sur le banc, Sayuri eut tout juste le temps de s’affoler avant qu’une voix ne s’élève. Et avant même que la jeune fille eut dirigé son regard vers la personne, Sayuri savait déjà à qui appartenait cette voix. Elle n’eut pu s’empêcher de sourire face à la déclaration de Miki.
D’accord, les bancs étaient tous occupés, c’est vrai, mais la demoiselle ne pouvait s’empêchait d’afficher une mine espiègle :

« Je t’en pries, assis-toi. Je commençais justement à m’ennuyer. »

Sayuri observa quelques instants Miki de bas en haut, elle dégageait une certaine classe que les autres n’avaient pas. La jeune fille ne pouvait pas dire exactement à quoi cela était dû, peut-être étais-ce à cause de son androgynie ou bien de ses tenues toujours impeccable, ou peut-être même était-ce à cause de cette nonchalance qui l’exaspérait au plus au point mais qui d’une certaine façon la faisait rire. Quoi qu’il en soit, le regard de Sayuri s’était tout de suite dirigée vers Miki la première fois qu’elle l’avait croisé.

« Tu en veux ? » demanda-t-elle, en désignant d’un coup de tête sa glace.

Parfum thé vert, un peu amère, à vrai dire. Mais le goût sucré de la glace masquait l’amertume du thé vert. Elle se demandait si Miki s’était finalement décidée à arrêter de résister au petit jeu de charme de Sayuri, mais celle-ci ne s’attarda pas vraiment sur cette pensée et se contenta d’ajouter d’une voix malicieuse :

« Pendant un instant j’ai cru que quelqu’un me suivait mais… J’ai dû me tromper une fois de plus, n’est-ce pas ? »

Le sourire qu'arborait l'androgyne à l'adresse de Sayuri s'élargit légèrement lorsqu'elle put admirer le magnifique sursaut qu'avait fait cette dernière à sa vue. Visiblement, elle ne s'était en aucun cas attendit à voir débarquer quelqu'un à côté d'elle et peut être même ne s'était pas sentie suivi. Et puis à cette heure-ci la plupart de étudiants étaient encours, alors le fait de tomber sur Miki devait peut être l'étonner. Oui, elle aurait du faire parti de ces élèves studieux travaillant consciencieusement, mais ce ne fut pas le cas aujourd'hui. Puisqu'elle n'avait pas daigner pointer le bout de son nez dans une salle de classe, jour de repos en quelque sorte. Miki était loin d'être une élève brillante et certains cours l'ennuyaient plus qu'autre chose. La jeune femme n'arrivait à s'en sortir niveau note que lorsqu'elle était attirée par la matière en question, sinon ce n'était pas la peine. A vrai dire l'excuse des bancs pris et de la pelouse humide n'était qu'un bon prétexte pour venir tenir compagnie à la demoiselle. Cette fameuse blonde avec laquelle elle aime s'amuser à repousser toutes ses avances et tentatives de séductions. Pas qu'elle ne lui plaisait pas, loin de là, mais ça la distrayait plus qu'autre chose. Il est fort possible que Miki viendrait à se lasser de ce petit jeu et déciderait de céder mais pour le moment ce n'était pas le cas alors autant en profiter.

« Je t’en pries, assis-toi. Je commençais justement à m’ennuyer. »

Elle s'ennuyait? Et bien elle allait pouvoir lui tenir compagnie et la conversation en même temps. Elle ne risquerait pas se s'ennuyer longtemps. Miki s'installa en tailleur à côté d'elle avant de relever les yeux vers Sayuri et de lui enlever ses lunettes de Soleil qui cachait les trois quarts de son visage. C'était plus pour l'embêter qu'autre chose, mais c'était l'un des traits de son caractère. Elle aimait bien cherché et taquiner les gens.

« Tu en veux ? »

Miki jeta un œil sur la glace que Sayuri tenait entre ses mains et qui commençait à fondre. Elle n'en voulait pas ? La jeune femme s'empressa alors d'acquiescer d'un léger signe de tête avant de prendre le batonnebâtonnet qu'elle lui tendait. Elle était du genre très grosse mangeuse. Elle pouvait s'enfiler tout ce qui pouvait lui passer sous la main et elle avait toujours faim. Cela pouvait étonné lorsqu'on la voyait, elle qui arborait une carrure si maigre et fine. Elle avait de la chance pour ça, manger sans grossir. Ne pas prendre un seul gramme. Des milliers de filles rêveraient de pouvoir faire la même chose, mais ça elle ne s'en rendait pas forcement compte. Elle porta la glace à ses lèvres avant d'en croquer un bout. Ce n'était peut être pas son parfum préféré mais ce n'était en aucun cas mauvais. Et puis elle ne pouvait refuser quelque chose qu'on lui offrait à manger voyons, ce n'était pas dans ses habitudes.

« Pendant un instant j’ai cru que quelqu’un me suivait mais… J’ai dû me tromper une fois de plus, n’est-ce pas ? »

Miki releva lentement les yeux vers Sayuri. Alors elle avait sentit que Miki la suivait depuis un moment déjà? Oh qu'elle n'aille pas croire qu'elle la pourchassait, elle voulait juste s'assurer que la personne qu'elle avait aperçu au loin était bien la jeune blonde, et visiblement, elle ne s'était pas trompée. Il est vrai que ça ne devait pas vraiment être rassurant de ressentir une présence derrière soie avec l'horrible impression d'être traqué, elle le concevait, elle n'aimait pas vraiment ça non plus. Elle lança alors un léger sourire à la blonde avant de répondre :

« Oui, ça doit être ça... »

Tout dans le ton qu'elle entreprenait et le sourire qu'elle arborait signifiait en réalité que c'était tout le contraire mai qu'elle lui faisait comprendre d'une toute autre manière, histoire de ne pas lui donner raison tout comme en approuvant ce qu'elle venait de dire. Et dans tout les cas il était facile de comprendre qu'elle n'était pas vraiment sérieuse, bien au contraire. La jeune femme reporta la glace à sa bouche afin d'en reprendre un morceau. Thé vert comme parfum? Ce n'était pas mauvais, il faudrait qu'elle en prenne plus souvent tiens, ça changerait un peu de son éternel vanille et noix de coco, ses parfums favoris. Elle fixa Sayuri. Cela faisait longtemps qu'elles ne s'étaient pas vues en y repensant, oui très même. Et la croiser ici était tout bonnement une pure coïncidence et dû au plus grand des hasards.

«  Tu deviens quoi Sayu'... Ça fait bien longtemps qu'on ne s'était pas croisé. »

Longtemps oui, mais elle n'avait pas changée d'un poil. Quoiqu'elle la trouvait légèrement fatiguée. C'était donc ça qu'elle cachait derrière ses lunettes de Soleil ? La tricheuse. Dommage, si elle n'était pas au top de sa forme en revanche, Miki elle, débordait d'énergie et à revendre en plus. Peut être qu'elle aurait même envie de jouer un peu qui plus est...