Blanc. Un soupire. Une longue respiration. Et ce silence. Celui qui vous plonge dans vos pensées, un silence vicieux, calme mais qui vous tourmente. Il était étendu sur son lit, réveillé avant même que le réveil ne fasse son boulot. Tant mieux, il se fera plus doux, plus clément. Au lieu de l’envoyer voir ailleurs s’il y était, il posa sa main pour l’arrêter au premier bip. Il n’avait pas bougé de la veille, preuve de flemmardise de sa part et d’incapacité, aussi. Mauvais combat ? Il n’y en avait aucun, non, il en tirait toujours une satisfaction. Parfois plus bras cassé que d’autres mais il les appréciait sans exception. A son portable de le rappeler à l’ordre. Bah il n’est pas con, sachant que le réveil n’aura pas tenu bien longtemps… Bref, il l’attrape et déverrouille le clavier pour éteindre cette seconde sonnerie. Arrêt. Il retombe sur un des messages envoyés la veille, tôt dans la nuit. Non, il n’aurait pas eu le courage d’attendre l’heure du premier cours pour l’envoyer…. Tsuyoshi était rentré, un peu vacillant et c’était effondré. C’était même un miracle qu’il l’avait envoyé, qu’il avait réussi à écrire trois mots avec sa vue brouillée par la fatigue. Ouais, il pouvait être heureux, le destinataire, de ne pas avoir reçu un ensemble de lettres incohérentes.

Citation :

Couvre-moi. Merci.

Tamatama… Un vague sourire en coin alors qu’il passe sa main sur son front, glissant vers sa tignasse noire comme tout bon japonais qui se respecte. Mah… Il devait probablement l’énerver et ne pas savoir à quel point il lui rendait service. Seulement histoire de chantage ? Oui. Enfin non, il en avait profité pour l’approcher, le connaître, lui l’étudiant modèle de la classe. Celui qui le dépassait de quelques points. Note qu’il ne cherchait pas à lui dérober la place de meilleur, il faisait au minimum, histoire de passer à l’année suivante. Ton cerveau fait peur Tsu, tu sais ? Mais à force d’encaisser les coups, un jour, qui sait, la vie te punira. Comme s’il n’avait pas déjà assez de soucis… Il se redressa et d’un pas traînant, il ira prendre ce qui le suivra à vie : un joli tube de comprimés. Comment un si petit tube peut vous poursuivre… Son quotidien. Hai hai, il est raisonnable aujourd’hui, il prend la dose normalement habituelle et se prépara à déjeuner. Il se manifesterait en cours aujourd’hui, il est motivé.

Il arrivera en cours avant la sonnerie, mains dans les poches, sac à bandoulière contre la hanche, et puis… Ce sourire de perpétuel heureux qui en aura énerver plus d’un. Spèce d’illuminé, tu n’as pas eu assez mal à la mâchoire ? Si si, le souvenir d’hier avec les glaçons toute l’après midi pour la faire désenfler… Il en gardait un petit picotement mais qu’importe la douleur, sortir lui fait du bien. Rouler. Bouger. Se sentir en vie et surtout… Se rendre compte que son cœur suivait le rythme. Brave bête. Il saluera quelques têtes avant de rester fixer sur une. Il s’approche, tire la chaise et ne demandera même pas l’autorisa de s’asseoir à ses côtés, c’était la, sa place maintenant… Son regard n’a pas dévié et il s’appuie sur le bureau, relevant sa main pour y poser sa tempe

▬ Yop ! Tu me laisses relire tes notes de la veille ?

C’était rhétorique hein, il pose son autre main sur son banc et du bout des doigts, la fait glisser jusqu’à lui. Il lit, rapidement, vite fait, connaît ton écriture comme si c’était la sienne. Il comprend, ce n’est pas un jour de raté qui lui pose problème et après avoir rapidement parcouru les feuilles, il se redresse.

▬ J’ai encore un service à te demander. Allez allez, je sais que tu diras oui.

Avoue que t’as pas trop le choix en même temps. Puis avoue aussi que son sourire d’idiot… Mah… Il te donne des faux coups de coude, se collant à ton bras. Tsu tient ton secret entre ses mains mais t’inquiètes, il en prend soin, il sait ce que c’est!

Lui aussi avait réussi à se réveiller avant que son réveil ne le fasse à sa place. Il regardait d’ailleurs depuis presque dix minutes le plafond sans bouger le petit doigt. C’était ce qu’on pouvait appeler un « gros bug ». Son corps ne réagissait pas, encore perdu dans les méandres du sommeil, seul son cerveau avait encore une activité. C’était comme s’il dormait alors qu’il était enfaite conscient. En réalité, il réfléchissait plus qu’autre chose. Il se remémorait ce qu’il s’était passé ces derniers jours, n’aillant jamais vraiment eu le temps de le faire avant. Hier soir, il lui avait semblé que le travail était interminable. Ils avaient demandés de lui qu’il reste plus longtemps, étant la star far de la maison, il se devait d’accepter, il était payé pour ça après tout. Néanmoins, ça ne l’empêcha pas d’être très irrité par tout ça. Il avait encore des cours à réviser en rentrant et il lui restait à peine sept heures avant que son réveil ne sonne. Dure vie qu’il menait ces temps-ci. Sa mère était retournée en hôpital psychiatrique et il devait s’occuper de son frère à pleins temps, travailler plus et mener ses études à bien à côté… Non, vraiment, ses nerfs allaient lâcher. De plus, un petit merdeux étaient venus lui chercher des problèmes et il ne savait pas encore à quoi s’attendre… Raaah, la vie est dure ces temps-ci, hein mon petit Tama’ ! Maah, il savait que ça finirait par s’arranger, il devait tenir bon, sinon on allait lui retirer son petit frère. D’ailleurs, ils auraient dû le faire depuis un moment mais, tout le monde savait que Keiitaro était quelqu’un de responsable et qu’il réussirait à bien s’en occuper. Cependant, son père faisait pression pour le récupérer de l’autre côté. Que de soucis qu’il n’avait pas envie d’assumer. A presque vingt-trois ans, il avait autant de responsabilité qu’un père de famille de quarante ans, si ce n’est plus. Mais, c’était notre Tamada national et personne ne le plaignait car, tout le monde savait qu’il tiendrait le coup, parce qu’il tient toujours le coup. Pourtant, parfois il aimerait bien qu’on le laisse un peu tranquille. Il souffla quand il repensa à ce minet qui lui faisait du chantage. Raah, il n’avait même pas pu lui dire non la veille, il avait trop peur que son travail de nuit s’apprenne. Et si ça venait à être le cas, le château de cartes tomberait. Plus d’études, plus de petit frère… Aaaah il le rendait fou, il avait sa vie actuelle dans ses mains sans le savoir. Il avait décidé qu’il l’ignorerait et ferait ce qu’il lui demanderait, il devrait rapidement se lasser n’est-ce pas ? Une sonnerie finie par retentir dans la pièce, le faisant sursauter par la même occasion… Bon, une dure journée l’attendait. Il n’avait dormit que trois heures mais, il tiendrait le coup. Juste quand il allait se lever, un poids le percuta de plein fouet, le faisant retomber sur son lit. Son petit frère c’était recroqueviller contre lui. Il le regarda perplexe avant de l’entendre lui crier dans les oreilles avec une voix des plus stridentes : « Une araignée !!! »… Et ça se dit grand et viril… ça promettait.

Une heure plus tard, il se retrouvait sur les bancs de l’université, dormant à moitié, la main contre sa joue, essayant tant bien que mal de garder les yeux ouverts. Il en avait complètement oublié son bourreau… Maah, hier il l’avait couvert mais, il ne le referait pas deux fois de suite hein !! Les cours n’avaient pas encore commencé qu’il luttait intérieurement pour ne pas s’endormir… Arf, il réussira à suivre les cours, parole de Tama !! Lorsqu’il réussit enfin à émerger, une vision des plus étranges lui apparue. Un Tsuyoshi se tenait devant lui avec son sourire caractéristique… Il en venait à cauchemarder de ce mec ?!! « Yop ! Tu me laisses relire tes notes de la veille ? » Ah bah, non, il ne rêvait pas. Ce mec avait vraiment du culot, était-il son esclave ?! Il sortit ses cours de sa pochette et les posa sur sa table mais, intérieurement il fulminait rien qu’en voyant sa face. Bon, il devait l’avouer, sa face bah elle n’était pas si laide à regarder (et il lui aurait bien fait des avances s’il était homo mais, c’est une autre historie) mais, elle lui donnait la chair de poule. Puis, pourquoi est-ce qu’il ne le laissait pas un peu tranquille comme tous ses potes ? D’habitude c’était le pestiféré de service, avoir de la compagnie à sa table, il n’avait pas vraiment l’habitude et c’était voulu, il voulait être seul !! Et en profiteur qu’il était, le maître chanteur lui demanda encore un service… d’ailleurs il ne savait pas vraiment ce que c’était, et avait un peu peur justement. Il tourna son regard, l’ignorant complètement et restant froid comme à son habitude. Toute façon il n’avait pas le choix, pourquoi est-ce qu’il posait la question hein ?! Il le maudissait intérieurement mais, n’avait pas trop le choix. Il n’était pas non plus du genre à perdre son sang-froid facilement, il ne fit donc que dire de façon neutre, l’expression complètement stoïque.

« Fais-toi plaisir. »

Son regard s’était figé. Le soir où… Il aura rencontré Tamada Keiitaro, à ce club, il l’avait reconnu. Et de ce regard échangé, il aura certainement pu comprendre les problèmes à venir. Il s’y était fait tiré, par des amis et alors qu’il discutait, son attention a été porté sur lui. Pourquoi aura-t-il fallu attendre qu’il soit dévêtu pour… Qu’il lui porte autant d’intérêt ? Inconnu. Et puis ses amis l’avaient un peu secoué, le ramenant à lui. Quelques coups d’œil pendant la soirée, rien de plus. Et le lendemain, du jour au lendemain, oui, il s’était assis là. Sa nouvelle place. Chantage. Lié par le secret, il se servait de se prétexte contre lui. Pour la veille par exemple, il n’aurait… Pas pu faire un pas ou même parler. Ses muscles l’avaient rappelés à l’ordre et il avait écouté pour une fois. Insouciant ? Crétin ? Peu importe les qualificatifs, Tsuyoshi vivait pour son plaisir. Tama lui était bien utile, ne ? Au fond, cela devenait une habitude. Il arrivait, il prenait place et il demandait ses notes. Il n’avait pas besoin de plus pour se remettre dans le bain des cours. Une journée, c’était facilement rattrapable, il connaît ses capacités sinon, il ne le permettrait pas. Son regard glissa sur la feuille et mémorisa les termes nouveaux et expliqués. Il porta sa main à ses lèvres, se concentrant puis… Il se redressa après quelques minutes, prenant appui sur le dossier de sa chaise. Il a tout compris

▬ J’ai rien compris

Il fit une moue contrariée avec sa bouche avant de soupirer et repousser le petit tas. Il ne faisait pas ça pour l’embêter mais… Enfin oui et non. Il avait autre chose en tête. Il voulait… Le connaître plus, lui faire comprendre qu’il n’y avait pas que l’école, pourquoi il était si froid ? Et l’amusement, le plaisir de venir en cours autre que pour apprendre ? La vie n’est pas … Si triste ! Bien sûr que si, il avait tout saisi, il n’est pas con. Et Tama ne devait pas être dupe mais tant pis. Il veut se rapprocher de lui, encore, encore un peu plus. Tsu ne fait pas de chantage sauf sans avoir quelque chose derrière la tête sinon, il s’ en moque bien, il n’est pas manipulateur à la base.

▬ J’aurai besoin de cours particuliers.

Et il entend… Tama comme professeur. A qui aurait-il pu demander d’autre, si il en avait eu réellement besoin, à part la tête de l’école ? Mah mah, ca ressemblait à une invitation de lycéenne qui demande au garçon qu’elle aime de venir lui faire rattraper son retard en passant chez elle. Il avouait…Que Tama… Maah, physiquement parlant, oui, il lui plaisait. Sans savoir si monsieur était homo, bi, hétéro… Et ta mère t’a jamais dit de goûter avant de dire j’aime pas ? Noon c’est paaas vrai, tu lui plais paas du tout Tama. Du tout, du tout. Il ne t’observe pas parfois pendant le cours. Il ne culpabilise pas quand il t’envoie un message.

▬ Parce que j’ai pas compris le thème et que j’ai pas encore commencé la dissertation pour mardi…

Faux, la dissert en question est bouclée depuis perpète et sur son bureau. Mais pour la petite scène, il se montre un peu embarrassé. Déjà que c’était gros comme une montagne ce qu’il lui inventait là…Il serait pas dupe. Du moins, pas longtemps. C’était moche d’utiliser ça contre lui, hai hai mais… C’était pour la bonne cause ! Il allait… Lui apprendre à vivre, à son rythme.

▬ Alors…tu passes ce soir ?

Et il la devine comment ton adresse crétin ? Maah, elle est dans l’annuaire. Ouais bah si t’attends qu’il la trouve, il arrivera jamais. Nah mais il te vois v’nir tss ! Tu n’auras pas ça comme prétexte, il te la griffonnera sur un coin de feuille. Avec un joli smiley si t’accepte gentiment.

L’université était vraiment l’endroit où il se sentait le plus à l’aise, là où il avait enfin l’impression de vivre un peu pour lui-même et non pas pour les autres. Ces études, il les faisait pour lui, pour son avenir. Parce que malgré tout ce qu’il s’était passé, il n’avait pas tiré une croix dessus. Alors que quelqu’un d’autre puisse mettre tous ses efforts et même son avenir en pièce… ça avait de quoi le déstabiliser. Il était donc normal qu’il se méfie de cette personne et qu’il ait du mal à le porter dans son cœur. Quoi que, l’une des solutions étant certainement de se rapprocher de lui afin qu’il n’ait même plus l’envie d’en parler ou même d’y penser mais… ce n’était vraiment pas le truc de Keiitaro de faire semblant, ni même d’être amical. Quand il n’aimait pas quelqu’un, il n’hésitait pas à l’envoyer boulet… et même lorsqu’il aimait bien la personne il paraissait froid. Alors, il ne fallait pas lui en vouloir s’il paraissait très peu… aimable aux premiers abords. C’était d’ailleurs l’une des principales raisons pour lesquelles personne ne l’approchait, et c’était tant mieux de son point de vu. Etre seul lui convenait très bien, la compagnie des gens, ce n’était qu’une option. Il ne dit pas que personne n’avait jamais essayé de lui parler ou de l’approcher, il les a juste fait fuir avec une remarque cinglante ou un silence pesant, embarrassant. De toutes manières, ils étaient ici pour étudier et non pas pour discuter, alors à quoi bon faire des rencontres ? Oui, il partait dans cette optique-là, de la présence autour de lui, il n’en avait pas besoin, il se suffisait à lui-même, ça l’agaçait même parfois. Mais tout ça dans le cadre de l’université bien sûr, bien qu’à l’extérieure, il n’était pas plus extraverti. Il osait tout de même faire en sorte qu’on le remarque, ne se cachant plus derrière ses lunettes et ses vêtements trop sobres de premier de la classe. C’était vraiment deux situations différentes et il s’adaptait à l’une comme l’autre. A l’école, il devait se faire le plus discret possible afin qu’on ne le remarque même pas, et il était plutôt doué dans ce domaine, à l’extérieure par contre, il faisait ce qu’il lui plaisait. Mais, paraître invisible n’était pas aisé, c’était tout un travail. Il fallait que lors des pauses il aille dans des endroits où personne ne venait ou bien qu’il reste dans la classe, seul… oui parce qu’il avait pensé à un petit coin où il aurait pu se poser mais, ça ne se trouve pas partout et les gens le trouveraient encore bien plus étranges que maintenant s’il l’y trouvait. Arf, il n’avait pas toujours été comme ça mais, ça faisait tellement longtemps qu’il adoptait cette attitude, que c’était devenu une habitude et il ne faisait même plus attention au fait qu’il pouvait paraître très asocial. Vous devez donc avoir une petite idée de ce que l’apparition de Tsu’ avait chamboulé dans sa routine quotidienne. En plus d’être une menace, c’était un parasite dans ces bonnes habitudes qu’il avait. En conséquent, il l’avait tout de suite placé dans la catégorie des « nuisibles », au même titre que ses autres camarades de classe, et même presque dans une catégorie au-dessus étant donné le niveau d’irritation qu’il était capable de provoquer en lui mais bon, sa bouille d’ange et son sourire apaisait un peu le tout. Oui, Tsu’ devait s’estimer heureux de ne pas faire partit des pestiférés ou même des ennemis. Il n’était même pas encore dans la catégorie des profiteurs mais, ça ne saurait tarder. Le strip-teaseur faillit d’ailleurs se vexer quand il l’entendit dire qu’il n’avait rien compris, à peine avait-il parcouru les notes, il se contenta d’arquer un sourcil, perplexe. Ses cours étaient très soigneusement écris, toujours de façon intelligible et raisonné afin d’être le plus pratique possible lorsqu’il les relierait… c’était impossible qu’il n’y comprenne rien !! Ou c’était juste pour l’embêter… Ou il était idiot. Il ne savait absolument pas qu’il avait des résultats proche des siens à chaque examen. Pourtant la fois où il l’avait dépassé, ça l’avait un peu énervé et il avait bossé deux fois plus dur pour les partiels suivant mais… il n’avait pas vraiment retenu le nom de cet élève. Il avait juste remarqué qu’il était moins bon que d’habitude puisqu’il venait de se faire évincé… Il aurait peut-être dû, ça lui aurait certainement évité de se faire dupé comme il allait le faire. Comment pouvait-il avait l’air aussi enjoué continuellement ? C’était quelque chose qui impressionnait le jeune homme, Tsuyoshi semblait constamment heureux de ce qu’il vivait, un peu insouciant quelques fois… comme un gamin. Comment est-ce qu’il savait tout ça ? Maaaah, il ne l’avouerait jamais mais, depuis que ce mec était venu à sa rencontre et que ce jeu avait commencé, il ne cessait de l’observer du coin de l’œil. Il ne savait pas vraiment pourquoi, peut-être parce qu’il voulait connaître son ennemi… mais, les faits étaient là, dès qu’il se trouvait à proximité, il ne pouvait s’empêcher de le regarder. Il avait donc très vite compris que Tsu’ n’était pas vraiment un marginal, c’était quelqu’un de plutôt sociable, sans doute grâce à sa bonne humeur communicative. Il était entouré de pas mal de gens et n’avait pas l’air sérieux du tout. Ce n’était pas rare qu’il dorme sur sa table de cours et le prof ne le rappelait jamais à l’ordre, ce qui était plutôt étrange. Etait-il un privilégié ou quelque chose du genre ? En tout cas, lorsqu’il le voyait faire des grimaces bizarres lorsqu’il se trouvait dans un profond sommeil, il ne pouvait s’empêcher de sourire. C’était à la fois adorable et embarrassant. Ce mec c’était un paradoxe et il ne le savait pas encore mais, le maître chanteur d’un jour serait bientôt un vrai aimant à Tama, bien que ce dernier n’en aurait certainement pas conscience tout de suite. Pour l’instant il se contentait de l’observer de lui, et ça l’amusait plus qu’autre chose à vrai dire. C’est pour cette raison que lorsqu’il dit qu’il avait besoin de cours particuliers, il ne fut pas trop surpris. Après tout, à ses yeux, c’était enfant privilégié, donc pourri gâté, et un peu faignant sur les bords. Le fait qu’il demande ce genre de choses tombait par conséquent sous le sens. Enfin bon, il n’était pas encore sûr que les cours particuliers devaient venir de lui, hein ! Bien qu’il s’en doutait un peu à force. Doute qui se confirma plutôt rapidement. Il se justifia donc et finit par arrêter de tourner autour du pot et lui demander s’il voulait passer chez lui… cette dernière question, prise hors de contexte, semblant plutôt engageante. Bah oui, il faut l’avouer, un mec comme Tsu’ qui demande à quelqu’un d’invisible comme lui si il veut passer chez lui le soir, ça ne laisse pas indifférent. Enfin bon, ce n’était pas son cas et il essaya de ne pas faire attention à ça. Bah oui, les mecs hétéro, ce n’était pas son truc et d’après ce qu’il avait pu en déduire de son investigation, c’était ce que semblait être notre petit étudiant. Il resta donc plutôt froid… Surtout que ce soir il avait dit à son frère qu’ils se feraient une partie de jeux-vidéos mais, bon, ça semblant raté apparemment. Raah, il allait encore lui en vouloir mais bon, ça lui passerait, c’était pour la bonne cause… Ou presque. C’était surtout pour pas le contrarié le minet, qui sait ce qu’il pouvait faire… bien qu’il semblait plutôt sympathique et inoffensif, il ne se fiait pas aux apparences et restait donc sur la réserve par rapport à ce qu’il lui prévoyait. Il soupira silencieusement, feintant l’irritation. Bon, il n’y allait pas de gaîté de cœur mais, il n’était pas aussi embêté qu’il le laissait paraître. Cela lui permettrait certainement de l’observer un peu plus et de comprendre à quoi il devait s’attendre à peu près, bien qu’il aurait sans doute préféré étudier tranquillement chez lui, étant donné qu’il ne travaillait pas ce soir pour une fois. Maaah, c’était les règles du chantage, Tsu pouvait le mener à la baguette et il acceptait pour l’instant, pensant que c’était le suel comportement qu’il avait à adopter face à ça. Il dit donc en se reculant contre son dossier, les yeux rivés sur sa feuille de cours.

« Ok, comme tu veux. »

Il n’était…malheureusement pas prêt de le lâcher de si tôt. Tamada Keiitaro. Un mystère, une présence inaperçue, il ne l’a jamais remarqué auparavant. Enfin, le genre de visage que l’on voit vaguement en souvenir. Son opposé. Tsuyoshi a besoin d’être entouré. Tsuyoshi est quelqu’un de…Sociable. Peut-être un peu trop ? Les pauses, il les passe avec les autres, à rire, à parler mais depuis qu’il s’est rapproché de la tête de la classe… On l’a prévenu. Keiitaro, c’est une tête mais niveau parlotte… Ou tu verras, il te remballera toi aussi ! Mah, mah, quand il est venu le trouver pour la première fois, avec sa proposition de chantage, il n’avait au fond qu’en tête… De comprendre pourquoi il n’allait pas vers les autres, pourquoi il était froid. Un jeu ? Oui, non, pas vraiment. Il ne s’était pas attendu à … S’attacher. Tama, c’est…c’est pas un camarade de classe mais pas simplement une connaissance… Il ne savait pas. Pas ce qui le poussait à jouer ainsi avec lui, à le faire chanter, à lui demander… Des cours particuliers pour se rapprocher de lui. A envisager que peut-être il était homo et que…peut-être, il… Herm. Il divaguait. Il disjonctait. Moooh Tsuyoshi est amoureux, Tsuyoshi est amoureux ! Tss, même …pas vrai. Ah non ? Pourquoi tu rougis alors ? Bon…

Il n’était qu’un nom qu’il voyait toujours au dessus du sien sur le tableau d’affichage. Et parfois, rarement, juste en dessous du sien. « Irihara Tsuyoshi » classé premier et « Tamada Keitaro » second. Il s’en souviendra de ce jour, un ami lui avait tapé l’épaule avant qu’il ne le remarque. Mah… Il n’a rien dit aux remarques et il n’a jamais visé à le battre. Ce n’est pas ce genre de compétition dont il est friand le p’tit. Non… Il fait le minimum pour les cours. Les cours, c’est une obligation, histoire de gagner sa vie plus tard, un métier légal. Parce que son cerveau lui permettait de faire de grande étude, il s’est axé principalement sur quelque chose de théorique. Il fait la fierté de son père, tant mieux. S’il savait. Du coup, son « je n’ai rien compris » aurait pu tomber à l’eau. Mais autant Tama n’était qu’un nom, autant Tsu ne devait être qu’un visage. Bien sûr qu’il comprenait. Tama était toujours clair dans ses notes et il les demandait à lui principalement pour se rattraper dans les cours. Parfois il s’assoupissait sur son banc, sombrant une bonne partie de l’heure et il remerciait les professeurs. Dure nuit. Son corps encore endoloris réclamait... Du repos. Pourquoi lui faire un reproche ? Il pensait qu’il s’ennuyait mais Tsuyoshi ne connaît pas à l’avance la matière hn, … il… Aura juste eu une consolation dans sa vie ? Alors on ne lui disait rien. Chaque année, on l’embétait un peu, le chouchou, l’intello fainéant mais les rumeurs finissaient par se dissiper au bout d’une semaine. Il a l’habitude, depuis qu’il a sauté une classe. Mah ça lui aura appris que les rumeurs, plus tu montres que ça te touche, plus elles continueront de circuler… Alors il n’écoutait plus ce qu’on disait sur Irihara et Tamada. Il s’en moquait bien et tout le monde a fini par s’y accommoder. Point.

Il sourit et… si probablement quelqu’un d’autre aurait abandonné, pas lui. Parce qu’il voulait pas lâcher prise. Il a décidé… De lui montrer ses bons côtés ce soir ! Oui, voila. Que le bourreau ne fait pas ça pour… Juste des excuses et des notes. Non, il a toujours fait sans sa présence, il n’avait pas besoin… Pas besoin de lui comme l’aide de service. Mais se servir de lui était la seule façon pour l’approcher car sinon, cela ferait bien longtemps qu’il l’aurait envoyé paître, pas vrai ? « Comme tu veux. » Son sourire faiblit quelques secondes mais tente par la suite de ne pas le montrer. Oui, il le savait, qu'il n'avait aujourd'hui que le titre de parasite.

▬ Merci ma poule~

Il tire a nouveau la feuille vers lui et emprunte un stylo au stripteaseur, marquant sur le coin son adresse avant de lui rendre. Pas le stylo, il en a besoin. Le professeur entre et il sort de quoi prendre des notes. Le brouhaha cesse et tout le monde se remet à sa place. Clair, il abrège où il veut en venir et se déconnecte un peu du cours pour observer son voisin de banc penché, concentré. Mais il détourne la tête, la secouant. Nah mais faut qu’il se remette les idées en place. Le cours, le cours. Fin de journée, il le salue vaguement d’un à ce soir et il file. Non. Revient sur ses pas et passe sa tête par la porte.

▬ Ne la perds pas ! L’excuse de mon chien l’a mangé ne sera pas acceptée.

Il parlait évidement de l’adresse. Il fait un bref coucou de la main et repart en courant. Mah, comme ça, il sera déjà échauffé en arrivant. Et il pourrait plus vite rentré pour cuisi-… Tsuyoshi est amoureux, Tsuyoshi est amoureux ! Hai hai...